"Sur le chemin qu'on prenait pour aller à la messe, il y avait un figuier. Les figues n'étaient pas encore mûres que je grimpais dedans ; j'en arrachais aussi les fleurs et les gens sont allés se plaindre aux sœurs. C'est comme ça que j'ai eu droit à une bonne rouste... Elles m'ont mise dans une pièce noire où on entreposait le charbon en me disant que le diable et les souris viendraient me manger. J'avais peur. Vers la fin de la journée des raies de soleil passaient sous la porte et en voyant où j'étais, mon imaginaire s'est mis en marche... Les boules de charbon se sont transformées en personnes à qui je parlais, assez fort d'ailleurs. Au bout d'un moment, la sœur a réalisé que je n'avais plus du tout peur : la porte s'est ouverte, j'ai encore reçu deux baffes et elle m'a mise à l'écart dans une autre cour. Ça faisait quelques jours que je n'avais pas mangé..."
Yvonne Lecrocq |